Parler de mon activité de coach est parfois délicat. Certains réagissent sur la défensive, comme si se faire coacher était pour eux avouer une « maladie honteuse ». On m’a rétorqué une fois, dans un sourire quelque peu sarcastique : « ça ne me concerne pas. Je n’ai pas de problème et de toute façon je n’ai besoin de personne pour les gérer ! » Quel dommage ! Ce qui m’attriste, ce n’est pas seulement cette réaction quelque peu agressive et inconfortable, mais surtout le fait de mon impuissance devant cette personne qui, comme tant d’autres, ont si peur de leurs affects qu’elles se refusent d’affronter leurs sentiments et l’intimité avec soi. Comme si s’interroger sur soi et demander de l’aide pour trouver son propre chemin (d’où le titre de mon blog « Sur le chemin de Soi ») était maladif. C’est pourtant d’un chemin de développement personnel, dans le respect et la confiance en soi qu’il s’agit !
Taire ses sentiments avec un « ça me regarde », c’est s’enfermer dans une solitude qui rompt toute relation avec les autres, amis, famille et enfants compris. Ne pas vouloir « affronter son ombre », se poser de questions, n’est sûrement pas la bonne façon de trouver ses propres réponses à son mal être. Taire ses angoisses existentielles en s’abrutissant au travail ou au sport, ou encore en plongeant dans l’alcool ou la drogue « pour oublier », ne dure qu’un temps. Elles vous rattrapent toujours et s’inscrivent dans le corps dans ce que l’on appelle les « maladies psycho-somatiques », qui n’ont rien d’imaginaires et sont belles et bien réelles. « Les cris du corps sont des messages de l’âme » comme le dit Michel Odoul dans son livre Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi. Ceux qui souffrent d’ulcère à l’estomac par exemple, peuvent se demander ce qu’ils « n’arrivent pas à digérer » dans leur vie actuelle. Le corps parle et les expressions françaises sont légions pour en témoigner avec plus ou moins de finesse : « j’en ai plein le dos », «ça me casse les pieds », « j’ai les boules », « je suis coinçé(e) », etc.
Ce qui est encore plus dommage c’est de ne pas savoir que ces angoisses non exprimées peuvent alors toucher les enfants qui deviennent ainsi les symptômes des « maladies » de leurs parents, les porteurs de ces difficultés que leurs géniteurs refusent de considérer et ceci parfois sur plusieurs générations ! N’avez-vous pas repéré une maladie, même bénigne, qui se transmet de génération en génération dans votre famille ? Les « secrets de famille », bien cachés pour « ne pas inquiéter inutilement » la descendance, sont de véritables poisons qui pèsent sur le destin des enfants. Pourtant le silence est bien plus traumatisant que la douleur partagée. Il est indispensable de comprendre que les émotions non exprimées creusent un fossé entre les gens qui s’aiment. Ce n’est pas en refoulant ses émotions, ni parce-qu’une souffrance n’est pas reconnue qu’elle n’existe pas. Elle ronge de l’intérieur et peut faire mal très longtemps si elle n’a pas d’espace pour se dire. Ce n’est pas innocent si l’engouement pour des approches telles que la généalogie, la psycho-généalogie, les constellations familiales ou la psycho-énergétique prend de l’essort. Chacun s’interroge sur ses racines et leurs histoires pour comprendre et redonner sens à sa vie ici-bas.
Est-ce être plus heureux que de se croire et se dire sans problème ? Je ne le pense pas. C’est se voiler la face, « faire l’autruche », se donner « bonne composition » face aux autres. C’est se refuser le droit d’être ce que l’on est : un Etre Humain, avec ses joies et ses peines, ses forces et ses faiblesses et toujours digne de respect, d’amour et de reconnaissance. Comment avoir confiance en soi dans ces cas-là si on refuse d’écouter ses propres sentiments et sensations ? Est-ce vivre que de se créer un masque et de jouer un rôle qui n’est pas le sien toute sa vie ? C’est se refuser le droit au bonheur !
Au cours des articles suivants nous verrons comment prendre conscience de tout cela et se donner les moyens pour sortir de « la crise en soi » et la transformer en opportunité vers un Mieux Etre.