Vous le savez, depuis ce matin nous sommes entrés dans "la semaine de la gentillesse". le concept est né au Japon dans les années 60 suite à de violents affrontements. C'est depuis un mouvement mondial dont vous trouverez les pays membres et la déclaration de la gentillesse sur le site http://www.worldkindness.org.sg
Le sujet est vaste et complexe, aussi mon propos touche-t-il ici à mon interrogation quant au pourquoi parler de la gentillesse ? Notre époque prône à la fois l'autonomie, la force, la performance, la confiance en soi et l'ouverture aux autres et déplore d'autre part l'individualisme, le pouvoir, le harcèlement, le cynisme, la violence et j'en passe... L'actualité regorge de faits divers de ce type. On en arrive donc à organiser des journées ou des semaines de la gentillesse, devenue phénomène de société au même titre que la lutte contre le tabac, l'alcool, la drogue etc.
Etonnant non ? Nous sommes tous doués de sentiments d'amour et de haine ; aussi être "gentil" ou "méchant" fait partie de notre nature humaine. Est-il donc si difficile d'être "gentil(le)". Quelle perception en avez-vous ?
"Gentil" est une attitude, une stratégie de survie liée à notre dépendance et que nous avons mis en place depuis notre plus tendre enfance pour être accepté, nourri, aimé par nos parents ou du moins par ceux qui nous ont élevés. Maintenant, à l'âge adulte être bon, gentil est souvent décrit soit comme une forme de courage soit comme une forme d'immaturité un peu niaise et sujette à moqueries. Les expressions françaises sont imagées sur le sujet comme dire par exemple, "Trop bon, trop con" ou dire de quelqu'un qu'il est "bien gentil" est rarement un compliment !
A l'opposé se trouve la méchanceté. Est-elle une vertu pour autant ? Heureusement non ! Il n'y a rien de glorieux à faire preuve de méchanceté. On dit bien d'ailleurs "bête et méchant" ! La méchanceté n'est pas une preuve de force mais plutôt l'expression d'un sentiment de frustration, d'un indéfinissable mal être lié à la peur de dévoiler sa vulnérabilité (trop gentil...) dans l'angoisse de se faire avoir et écraser par l'autre.
Entre les deux que trouve-t-on dans nos relations ? Très souvent une forme de neutralité, voir d'indifférence, une certaine distance pour nous préserver de la souffrance au contact des autres. Autrement dit une sorte de bulle de sécurité, de bouclier qui nous éloigne de toutes relations...même des plus sincères, voir amoureuses ! Triste résultat qui aboutit à une forme d'isolement avec son lot d'amertumes, de regrets, de jalousies et de frustrations qui mènent tout droit aux comportements plus ou moins agressifs et dont la graduation s'observe sur l'échelle de la violence.
A côté de cela on parle du "syndrôme du chic type", "Trop gentil pour être heureux". Le chic type (ou la chic fille) généreux, attentionné, prévenant, évite par dessus tout les conflits et cherche à faire plaisir aux autres, tel un Sauveur, dans un apparent abandon de soi. Quel mal y a-t-il à cela allez-vous dire ? Aucun évidemment. Alors quel est le problème ? Il est justement dans l'apparence, quand, sans vouloir ou pouvoir l'admettre, il attend surtout en retour d'être reconnu, compris, aimé, bref d'être heureux dans la vie parce-qu'il le vaut bien ! Malheureusement dans ce cas, ses attentes cachées, refoulées sont telles qu'il reste souvent déçu devant tant d'ingratitude à son égard et n'en retire que frustration. N'ayant pas conscience de tout ce qui se joue à son insu au fond de lui, il en rajoute, persévère dans son comportement dominant de Sauveur cherchant à sauver ce qui n'a pas à l'être, bien à l'abri sous son "armure" de gentil. Ainsi, de plus en plus frustré il finit par se sentir "Victime des autres et Bourreau de lui-même"
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Un cercle infernal bien connu dans la gestion des relations humaines dont nous reparlerons par ailleurs. Retenons ici que l'issue est liée à la réconciliation avec soi-même. Nous sommes des êtres sociaux qui avons besoins des uns et des autres pour vivre. Nous sommes des être humains dont la pulsion fondamentale est celle du "lien" qui nous unit les uns aux autres. Il est donc important de savoir comment il s'établit, se nourrit, se blesse, se rompt ou perdure. Ainsi, être gentil ne veut pas dire être passif et se laisser marcher dessus ; c'est entre autre savoir dire "Non". Dire Non à l'autre c'est se dire Oui à soi-même. C'est se respecter et respecter l'autre. Ce n'est pas le culte de l'individualisme mais celui de l'Individuation, concept en référence à CG Jung,
c'est à dire devenir un individu. C'est Oser être Soi... un comble non ? Vous avez peut-être lu "Cessez d'être gentil, soyez vrai", je vous conseille de lire aussi "La vulnérabilité, clé des relations"
Vous y découvrirez que c'est par la conscience des sentiments et des besoins de notre Enfant Intérieur Vulnérable, que nous pouvons entrer en relation avec un autre et ceci de manière authentique et profonde
Ainsi, dans une démarche de développement personnel avec la méthode du Dialogue Intérieur/Voice Dialogue, mettre à jour notre vulnérabilité, l'accepter et la respecter, c'est se servir de nos émotions comme des signaux pour reconnaître ce qui se joue en nous, équilibrer nos forces et reprendre notre propre pouvoir, celui d'être soi-même. C'est retrouver notre autonomie et notre liberté dans nos relations... et être gentil(le) quand bon nous semble.
Auto-coaching
- Avez-vous le sentiment d'être "trop gentil(le)" et de vous faire avoir ?
- Vous sentez-vous frustré, victime des autres ?
- Dans quelle situation ? Décrivez-la le plus précisément possible.
- Que souhaiteriez-vous voir changer dans cette situation ?
- Que pouvez-vous donc faire concrètement pour vous et qui vous permettra de vous sentir mieux ?
- OSEZ ! Agissez maintenant !